Icône d'une main avec étoiles magiques

Audacieuse

Table et chaises dans une chambre d'hôtel

Par M’Borika Dioume

Comme nous vous l’avions dit précédemment, notre mission est de vous transmettre des outils, exemple de réussite et source d’inspiration. C’est ce que nous faisons en débutant avec le profil de Madame Anta Dioum. Bien souvent, le monde de la finance nous semble inaccessible c’est pour cela qu’il me semble pertinent de jeter un œil au parcours atypique et inspirant de cette femme qui nous raconte son parcours, nous conseille et nous donne certains insights intéressant sur sa carrière dans les finances durant laquelle elle a occupé des postes à responsabilité.

 

Sayaspora: Pouvez-vous nous résumer votre parcours universitaire ?

Tout d’abord, je vous remercie de l’intérêt que vous portez à ma modeste personne et de me donner l’opportunité de partager mon expérience avec des jeunes femmes modernes qui sont entrées récemment ou sur le point d’entrer dans la vie active.

Après avoir obtenu mon baccalauréat Série C (équivalent S1 aujourd’hui) avec la mention Bien au Cours Sainte Marie de Hann à Dakar, j’ai rejoint le Lycée Montaigne à Paris pour y passer deux années en Classes Préparatoires aux concours d’entrée des grandes écoles de commerce.

J’ai intégré ensuite l’École Supérieure de Commerce de Reims (Reims Management School) d’où je suis sortie diplômée trois années plus tard avec option Finance & Finance de Marchés

Plus tard, pendant ma vie professionnelle, j’ai également suivi en formation continue de 4 mois le programme d’Executive MBA de HEC à Paris.

Sayaspora: Quel a été votre premier emploi, et qu’est-ce qu’il vous a appris ?

Mon parcours est atypique parce que j’aurai passé en définitive plus de 20 ans au sein de la première institution qui m’a accueillie.

Mais, dès la première année de présence, le principal enseignement était que mon parcours académique m’avait juste permis d’avoir un a priori favorable et de décrocher un contrat à l’essai. Mais, pour se savoir confier des responsabilités, la décision se jouait sur d’autres critères plus en rapport avec les principes de l’éducation de base acquis auprès de la famille (la tenue, la courtoisie, le savoir-être, le savoir-vivre, l’expression orale, etc…).

Personne ne vous le dira mais, au-delà de vos compétences techniques, ce sont ces perceptions de votre personnalité qui détermineront les choix définitifs de votre hiérarchie. Gardez toujours en tête que vous serez, dans et en dehors de l’entreprise, scrutés comme un ambassadeur de l’institution qui vous emploie et votre comportement en toutes circonstances influer sur l’image institutionnelle.

Cela est d’autant plus vrai lorsque vous évoluez dans un environnement africain où la vie privée n’est pas encore aussi sacrée qu’elle peut l’être en Europe et surtout en Amérique du Nord. Les attentes envers nos dirigeants en matière d’exemplarité sont très fortes.

Sayaspora: Au cours de votre carrière quel a été le moment où vous avez été le plus fière de vos accomplissements ? Et pourquoi ?

Les moments les plus exaltants ont été la période où nous avons construit un modèle de banque universelle qui a changé la donne du marché et fixé de nouvelles barrières à l’entrée.

En effet, en construisant un réseau de points de vente dans les coins les plus reculés du pays, la perception d’une banque réservée à une élite d’entreprises et de particuliers a été gommée. L’offre bancaire se démocratisait et devenait accessible à tous, particulier comme entreprises de toutes tailles et de toute forme juridique.

Cette accessibilité des points de vente et des guichets automatiques, des moyens de retrait et de paiement comme les cartes bancaires ont entrainé ainsi une croissance phénoménale des dépôts bancaires et, par conséquent, de l’offre de crédit à des taux de plus en plus bas.

Aujourd’hui difficile de gagner des parts de marché en tant que banque, sans disposer d’un réseau performant de collecte des dépôts et être compétitif, en prix comme en délai de décision, en matière de crédit de toute nature et de toute maturité.

Sayaspora: Dans le même esprit, quel a été le moment de votre carrière où vous avez le plus remis en question vos choix ? Et pourquoi ?

Les moments les plus pénibles de ma carrière professionnelle ont été sans contester ceux pendant lesquels vous êtes confrontés à une hiérarchie qui fait fi de toutes les règles élémentaires d’éthique et de déontologie.

Ce sont des situations très inconfortables où vous êtes conscients que votre silence et/ou absence de prise de position vous seront reprochés tôt ou tard mais, en même temps, comment et auprès de qui dénoncer ces pratiques de mauvaise gestion. Le débat mondial actuel sur les lanceurs d’alerte et les tentatives de mettre en place une législation qui les protègerait de mesures de rétorsion illustre à lui seul le dilemme que vivent les managers dans de pareils cas.

Sayaspora: Vous avez accédé très jeune et exercé pendant longtemps au top management d’institutions bancaires de renommée, votre parcours en inspire plus d’une ! Comment avez-vous réussi à naviguer avec excellence un secteur principalement masculin ?

Cette question m’a été posée par une journaliste lors d’une conférence de presse de présentation de nos résultats annuels dont la date avait coïncidé avec la Journée de la Femme (8 mars).

Ma réponse avait été (et je pense qu’elle est encore d’actualité) cette citation à propos de sa conception de la négritude de l’écrivain nigérian et Prix Nobel de littérature 1986 Wolé Soyinka « Un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore. »

Dans la vie professionnelle et dans la vie tout court, une femme n’a pas à mon sens besoin de rappeler à tout va sa féminité (cela se voit suffisamment !) ou d’exiger un statut spécial.

Je me suis contentée d’essayer d’être le plus performant possible dans les attributions qui me sont confiées, d’être le plus assidu et le plus endurant possible (pour ne pas être taxée de faible physiquement parlant !) et de gagner ainsi l’estime professionnelle de mes collaborateurs, de mes collègues, de ma hiérarchie et de toutes les parties prenantes.

Il est évident que si je peux me permettre de parler ainsi c’est parce que des femmes très courageuses ont porté le combat avant nous et fait d’énormes sacrifices dont nous profitons aujourd’hui des dividendes. Notre reconnaissance leur sera éternelle. Mais, passé aujourd’hui ces étapes acquises de haute lutte, le combat se gagne à mon sens sur le terrain. Plus nous serons nombreuses à exercer nos fonctions quelles qu’elles soient à la satisfaction de l’employeur, plus le débat homme-femme sera dilué.

La performance est le meilleur moyen de le clore pour soi-même, et pour nos congénères.

Sayaspora: Au cours de votre carrière, comment avez-vous fait pour tirer votre épingle du jeu et réussir à vous construire un nom qui annonce la couleur de vos compétences et de votre talent, bien avant que vous ayez à vous présenter ?

Avec le recul, je ne dirai pas que j’ai tiré mon épingle du jeu ou, en tout cas, pas totalement. Si c’était à refaire, j’aurai surement abordé des périodes de ma carrière professionnelle différemment et en intégrant plus les enjeux de toutes les parties prenantes.

La réputation professionnelle n’est pas un « long fleuve tranquille ».

Elle se construit avec des hauts et des bas, des moments où les choix que vous faites sont compris et admis par tous, des moments où il faut laisser le temps au temps de faire éclater le bien-fondé de vos décisions ou de vos prises de positions.

Mais ce qui est constant c’est que le management par l’exemple est le meilleur allié. Avoir le même degré d’exigence pour les autres que pour soi-même, travailler sans compter, essayer d’être juste en toutes circonstances et se faire violence pour mettre de côté autant que faire se peut sa subjectivité.

Sayaspora: Si vous aviez trois conseils à donner à une jeune femme qui débute sa carrière dans le milieu des finances, quels seraient-ils ?

Il est très difficile de répondre à cette question car il n’y a pas de recette miracle. Chacune d’entre nous doit trouver la voie qui correspond à sa personnalité et à ses aspirations. Je fais une grande différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie.

Toutefois, il me semble important de garder dans un coin de la tête et de veiller à :

  • Acquérir et mettre à jour régulièrement sa compétence dans le métier que l’on exerce
  • Veiller à garder la bonne distance entre soi et ses relations de travail (la légèreté est tolérable chez les hommes mais n’est pas excusée pour une femme !) : être rigoureux tout en étant humain, être réservée tout en faisant preuve d’empathie quand il faut
  • Avoir une vie privée en dehors du travail et la protéger du mieux qu’on peut : les confidences et états d’âme entre collègues autour d’un café font souvent très vite le tour des bureaux et atterrissent toujours au Capital Humain!

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    M’Borika Dioume

    Auteure

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