Icône de 2 mains désirant se toucher

Soeur

Par Djamilla Toure

Sur quoi s’arrêtent mes pensées nostalgiques?

 

En venant à Montréal, je n’ai pas laissé un mais deux pays derrière moi.

Le Maroc mon pays d’adoption et la Cote d’Ivoire, ma terre mère. J’ai passé respectivement 10 ans dans l’un, 8 ans dans l’autre et maintenant de l’autre côté de l’atlantique, je sais qu’en Afrique s’il y a bien une règle à laquelle tout enfant ne peut déroger est la règle du respect des aînés, des plus agés.

Alors dans cette ode au pays que j’ai laissé, je privilégierais le Maroc. Voyez en ce choix, le simple respect des règles africaines établies et non le signe d’un dépaysement quelconque en vers ma chère patrie, la Cote d’Ivoire.

Avant d’arriver au Maroc, ce pays n’était pour moi que dunes de sable, chameaux, tapis volants et Shéhérazade… Il faut me comprendre, j’étais jeune. À mon arrivée, j’ai vite désenchanté. Les dunes de sable se sont changées en d’interminables routes bétonnées, les chameaux en taxis d’une couleur rouge flamboyante, les tapis volants en vendeurs de cerises, d’oranges, de menthes et de chewing-gums à la sauvette et Shéhérazade quant à elle ne voulait pas être mon amie, ma couleur de peau était trop sombre à son goût.

J’ai très rapidement voulu quitter ce pays. Mais à 6000 kilomètres de lui je ne peux m’empêcher de regarder en arrière et de me dire « mon Dieu, pourquoi suis-je partie si tôt? ».

Les sourires montréalais n’y feront rien, je suis nostalgique du rire marocain.

Qu’il ait été hypocrite ou sincère, sa tonalité, son rythme et sa joie sont d’une valeur intrinsèque. Mon ouïe est en éveil dès que je l’entends et mon taux de bonheur est à la hausse. Ce rire franc ou même à deux dirhams me manque.

La poutine montréalaise n’y fera rien, je suis nostalgique du tajine marocain.

Son plat en argile en forme de tente, la chaleur qu’il apporte une fois posé sur la table à manger et le rapprochement qu’il crée autour de cette même table, tout cela m’importait peu… Les « jeudis, c’est tajine » de ma mère m’exaspéraient. Ce n’est qu’une fois distance prise que ce repas rempli de légumes, de viandes et qui s’accompagne obligatoirement d’un pain rond, me manque.

Je suis en mal de Casablanca. Cette ville m’a forgé et pour cela je lui en suis reconnaissante. S’il y a bien une leçon que je tire de cette nostalgie, c’est que peu importe la situation dans laquelle on se trouve, celle-ci n’est pas éternelle et  même si sur le moment tout nous parait sombre, avec du recul, on peut apercevoir des faisceaux de lumière dans ce que l’on pense éteint.

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  • Djamilla Toure

    Djamilla Toure

    Fondatrice et directrice générale

    Née en Côte d’Ivoire, ayant grandi au Maroc et vivant à Montréal, Djamilla s’identifie comme étant un fruit issu de la diaspora. En charge de projets en autonomisation des femmes et médias, Djamilla est également créatrice de contenu et diplômée d’un Bachelor en Relations Internationales et Droit international. En 2015, Djamilla s’est donnée pour mission de repenser le monde en le changeant à son échelle. C’est ainsi qu’avec quatre autres femmes, elle fonde SAYASPORA. Une plateforme médiatique pour les jeunes femmes africaines partout dans le monde. À travers ce média, Djamilla aspire à créer un espace où les voix de ces femmes seront amplifiées et leurs idées mises en avant, tout en leur permettant de trouver une communauté.

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