Icône de 2 mains désirant se toucher

Soeur

Par Esperance Nahimana

Dans les années 80, on accueillait ce que certains ont appelés la 3ème vague du féminisme. Si aujourd’hui ce mouvement ne fait pas l’unanimité, il est le témoin d’une révolution au sein du mouvement féministe-même. Il prend ses marques au sein de la société américaine et apparaît timidement dans certains articles francophones d’Europe.

C’est en 1992, dans un article de l’illustre Rebecca Walker intitulé : « Becoming the third Wave » qu’on nomme pour la première fois cette nouvelle vague qui se caractérise par son universalité. Malgré le manque d’homogénéité de ce mouvement on peut relever la volonté de valoriser l’image de la femme qui se sent doublement stigmatisée. Cette évolution du mouvement représente la femme dans toutes ses facettes et finalement, toutes ses limites. Parmi ces différentes stigmatisations : les prostituées, les lesbiennes, les transsexuelles, les autochtones, les femmes de couleurs, les femmes handicapées ;  Pour ne mentionner que celles-ci.

Si la marginalisation, au-delà de sa condition en tant que femme, caractérise cette vague du féminisme, elle n’est pas tout à fait nouvelle. Rappelons-nous le discours « Ain’t I a Woman » (Ne suis-je pas une femme) qu’avait fait Sojourner Truth, ancienne esclave, lors de la Convention des droits des femmes aux Etats-Unis en 1851. Ce discours qui dénonçait les discriminations de traitements faits à certaines femmes qui avait une autre couleur de peau ou un statut social différent. La société accordait des traitements de faveurs aux femmes mais toutes les femmes n’en jouissaient pas pour autant.

On parle alors de « Womanism » comme le définissait Alice Walker dans son article In Search of Our Mothers’ Gardens: Womanist Prose, paru en 1983.  L’expression Womanist se dit d’une militante revendiquant ses droits bafoués, en raison de sa race et de son genre. Ce terme est au féminisme ce qu’est le pourpre à la lavande. 


Ce qui est très intéressant selon moi dans cette 3ième vague du féminisme, c’est sa propension à inclure toute la population. Grâce à tous les moyens médiatiques mis à notre disposition, on parvient à s’exprimer, se retrouver et échanger. Cela permet de se sentir soutenu. Le féminisme ne s’apparente plus à être une femme qui se bat pour ses droits mais pour son existence, son affirmation et son épanouissement dans la société. Elle ne veut plus simplement y prendre part, elle souhaite la façonner à son image. De plus, nombreux sont les hommes qui prennent part à ces revendications considérant qu’il en va de l’expansion de la condition de la femme. Je constate également que cette 3eme vague libère les hommes des stigmatisations qu’ils subissent tels que l’homme qui se doit d’être fort, puissant, droit comme un roc, insensible, carriériste, dominant, à la recherche du pouvoir… ; C’est un mouvement qui appelle à la libération collective des groupes stigmatisés.

 

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    Esperance Nahimana

    Auteure et collaboratrice

    D'origine burundaise et congolaise, Espérance est née et a vécu en Belgique. Etudiante en Droit International à l ULB, elle est passionnée par les droits de l homme. Elle reste convaincue que l égalité devrait être une réalité, et non une utopie. Pour elle, Sayaspora c’est avant tout une belle idée novatrice destinée à inspirer les jeunes générations féminines à venir.

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Crédit photo : TheLake X TonyGum

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