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Société

Par Janice Pole Sebagenzi

Alors que le coronavirus se répand à toute vitesse à travers le globe, il laisse dans son sillage, de grandes difficultés économiques pour plusieurs États. Il ne va sans dire que plusieurs pays déjà vulnérables voient leur économie chamboulée. Tel est le cas du Zimbabwe qui a annoncé, le 26 mars 2020, le retour des devises étrangères sur son territoire, et ce, moins d’un an après avoir aboli leur usage en juin 2019.

Le Zimbabwe est, depuis plusieurs années, à la prise d’une crise économique qui semble sans fin. À cela s’ajoutent les perturbations climatiques puisque le pays fait face à la plus grande sécheresse qu’il ait connue et la moitié des 15 millions d’habitants sont en situation de grave insécurité alimentaire. En 2009, dans l’espoir de rétablir la stabilité financière du pays, et de contrer l’inflation grandissante et la perte de valeur du dollar zimbabwéen, le gouvernement avait renoncé à sa monnaie locale au profit dollar américain. Malheureusement, cela n’a été qu’un pansement temporaire à un problème plus profond.

En effet, les autorités gouvernementales n’ont pas été en mesure de maitriser l’hyperinflation sévissant dans le pays. L’hyperinflation nait d’un déficit budgétaire élevé lorsqu’il y a plus d’imports que d’exports ou lorsque le pays n’est pas en mesure de se financer et doit créer de la monnaie pour couvrir ses dettes. Ce phénomène mène à son tour à une hausse des prix et fait perdre de la valeur à la monnaie et lorsque cette dernière perd toute sa valeur, il devient impossible de rétablir sa crédibilité, forçant le pays à changer de monnaie. Bien évidemment, l’hyperinflation engendre plusieurs conséquences négatives tant pour les investisseurs que pour les consommateurs. Ces derniers voient leur pouvoir d’achat et la possibilité de subvenir à leur besoin considérablement réduit. Le coût de la vie devient très élevé et le taux de chômage aussi.

Plusieurs tentatives ont été entreprises au cours des années, pour essayer de régler la situation. En 2016, le Zimbabwe a ainsi introduit des « bond notes », une monnaie parallèle. Cependant, la rareté des fameux billets verts américains a poussé le pays à devenir une société sans argent liquide, reposant sur des transactions par cartes ou par l’utilisation de transferts mobile d’argent. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le Zimbabwe a, l’un des plus hauts taux d’inflation dans le monde. Celui-ci a atteint une hausse annuelle de près de 500% en 2019. De ce fait, une consultation médicale coute 1 800 dollars zimbabwéens ce qui en plus de représenter un montant exorbitant, et plus ce que gagne un enseignant ou une infirmière en un mois. Le pays est également confronté à des pénuries de carburant, d’énergie et de nourriture puisqu’il n’est pas en mesure de payer ses importations.
C’est ainsi que face à cette situation économique précaire et afin de contrer les effets de la pandémie du coronavirus, le gouverneur de la Banque centrale, a réinstauré l’usage des devises américaines. Une seule question se pose alors : en effectuant un retour en arrière, le Zimbabwe saura-t-il éviter les mêmes erreurs?

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  • Janice Pole Sebagenzi

    Janice Pole Sebagenzi

    Auteure

    Originaire du pays des mille collines, le Rwanda, Janice est une écrivaine vivant à Gatineau et une étudiante en droit à l'Université d'Ottawa, où elle est impliquée dans diverses associations. Passionnée de musique, de voyages et d'écriture, elle s'intéresse particulièrement aux questions de justice sociale. Ses articles ont pour but de dénoncer et d'éduquer. Elle aimerait poursuivre une carrière en droit international afin de combiner son intérêt pour le droit et son désir d'apprendre d'autres langues.

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