14 février 2025
Par Diane Gnonlonfin
Ce concept, de plus en plus présent depuis la dernière décennie, soulève bien des remous. Entre ceux qui y voient une forme de communautarisme extrême et ceux qui le perçoivent comme un processus d’ouverture à l’autre à partir de soi, il y a matière à réflexion. Alors, le Black Love, pourquoi, pour qui et comment?
En 1993, après avoir regardé le film sur la vie de Malcom X et réalisé qu’il avait été assassiné par des personnes noires, Ayo Handy-Kendi, activiste afro-américaine, est poussée à instituer la Journée nationale du Black Love, célébrée le 13 février. Son objectif? Promouvoir la paix, le pardon et l’amour au sein de la communauté noire en l’invitant à manifester pendant 24 heures.
Les cinq piliers du Black Love sont :
- L’amour du Créateur ;
- L’amour de soi ;
- L’amour des personnes noires ;
- L’amour de la famille ;
- L’amour pour la communauté.
Partant de cette prémisse, on comprend que le Black Love n’a rien à voir avec le rejet ou l’exclusion des personnes d’autres appartenances mais est une célébration de l’amour de soi et de sa communauté.
Le Black Love pour les siens, avec les autres
Le Black Love, c’est Harriet Tubman qui après s’être enfuie des mains de ses maîtres, est revenue 19 fois sur les terres d’esclavagistes risquant sa vie afin d’aider 300 personnes à se libérer.
Le Black Love, ce sont aussi des alliés comme Lydia Maria Child, une Américaine blanche qui s’est battue pour l’abolition de l’esclavage.
Oui, le Black Love semble autocentré, mais c’est plutôt, une relation de soi à l’autre. Le principe est simple : tu ne peux pas être Noir·e et ne pas aimer les Noir·es. Si tu ne t’aimes pas et n’aimes pas les tiens, comment peux-tu aimer les autres?
Le Black Love des tourtereaux
Le Black Love est aussi devenu un symbole romantique puissant. La célébration de l’amour entre les couples noirs est une douce revanche aux années-esclavage au cours desquelles les familles noires ont été disloquées par les maîtres en guise de punition.
Aujourd’hui, le Black Love vient déconstruire les traumatismes causés par la colonisation et l’esclavage afin de raconter une histoire différente. Celle de Noir·es qui s’aiment, qui sont présents l’un pour l’autre, se soutiennent et s’élèvent mutuellement.
Le Black Love brise les clichés, change la narrative et redresse les mentalités.
Ce mouvement redéfinit l’image du couple noir et déconstruit des clichés nuisibles tels que :
- Le père noir absent ;
- Le mari infidèle et violent ;
- La femme noire hypersexualisée ou perçue comme femme facile ;
- La baby mama abandonnée.
Le Black Love et les femmes noires
Le Black Love contribue à changer la pensée selon laquelle notre couleur de peau diminue notre valeur. Cette idée a pendant longtemps été logée dans le subconscient de plusieurs personnes noires et l’est encore pour certaines, surtout les femmes, qui croient que plus elles ont un teint clair, plus elles seront valorisées et désirables.
Et ce n’est pas infondé.
D’après des études menées par un site de rencontre américain OkCupid, les hommes noirs seraient moins enclins à s’engager avec les femmes noires. La femme noire est victime de plusieurs stéréotypes qui lui font de l’ombre notamment celui de l’hypersexualisation, celui de la nounou (la mama) et celui de la femme colérique. Ayana O’Shun aborde bien le sujet dans son documentaire Le Mythe de la femme noire.
Le Black Love, c’est aussi faire tomber tous ses préjugés et permettre à la femme noire de s’aimer sans complexe, d’embrasser complètement son identité sous toutes ses formes nonobstant les regards extérieurs, afin de pleinement s’épanouir dans sa relation avec elle-même et avec les autres y compris ses relations amoureuses.
Aimons-nous Noir·es ! Aimons-nous tout court.
Grâce au Black Love, les femmes noires peuvent :
- revendiquer leurs courbes et rondeurs sans peur d’être hypersexualisées ;
- refuser la dépigmentation en réponse au colorisme et apprécier leur carnation ;
- exprimer leur authentique douceur mais aussi leur colère sans être stigmatisées ;
- croire en l’amour des hommes noirs et voir qu’il existe des pères présents, des époux fidèles, des partenaires responsables.
Des émissions comme Black Love TV Show mettant de l’avant des couples noirs qui racontent leurs belles histoires d’amour viennent insuffler, et aux femmes et aux hommes noirs, la foi… le possible.
Black Love pour tous
Le Black Love brise les clichés, change la narrative et redresse les mentalités.
Ce n’est cependant pas l’apanage des couples composés de personnes noires exclusivement. Il ne s’agit pas de rejeter ou de déprécier les couples mixtes, car le Black Love est aussi l’amour reçu d’une personne noire par son/sa partenaire de race différente.
Il s’agit de valoriser son identité noire et ceux qui la partagent et de vivre au sein de sa communauté avec fierté.
Respectons le Black Love.
Aimons-nous Noir·es ! Aimons-nous tout court.
Joyeuse célébration du Black Love!
Joyeuse fête de l’amour!
Diane Gnonlonfin
Écrivaine
Je suis une africaine née du Bénin colorée du Canada de l’Est et de son cosmopolitisme, fière de ses racines, de ses branches et de ses feuilles, qui croit qu’elle peut porter des fruits qui font une différence dans sa communauté où qu’elle soit.
Je suis une passionnée d’écriture et d’actorat avec un intérêt particulier pour les expériences de vie et la façon dont elles façonnent nos choix.
Je m’intéresse également au monde des affaires, titulaire d’une maîtrise des sciences de la gestion et comptable professionnelle agréée.
Je suis une apprenante en formation perpétuelle dans les domaines qui me parlent. J'ai complété un microprogramme en scénarisation et production cinématographique et pris quelques masterclass dans diverses disciplines couvrant les affaires, l'écriture et le cinéma. Et ça continue…
L’écriture est ma façon de rester connectée à mes sentiments et réflexions mais aussi un moyen de laisser libre cours aux histoires qui me viennent; de motiver et d’encourager les personnes à poursuivre leur chemin malgré les tumultes et à aller au bout de leurs ambitions.
Je crois en l’humain et au pouvoir de la résilience. J’essaie, malgré la violence qui nous entoure, de voir l’espoir et la bienveillance qui ne sont jamais loin. J’ai à cœur l’épanouissement de la jeunesse, porteuse de demain. J’aimerais contribuer à la construction d’un monde où les iniquités et injustices s’amenuisent et où, défiant le doute, la foi prend place.
C’est avec plaisir que je mets ma plume au service de Sayaspora, une plateforme qui offre à la diversité africaine des voies (voix) d’expression partout dans le monde.
PS: J’aime aussi chanter, lire et … dormir.
