29 novembre 2020
Par Joanna Jean Baptiste
C’est en 2019 que Miriam Nkosi, lance son projet IMA wrap, une entreprise d’accessoires pour cheveux crépus fait main à Montréal et au Congo. L’entreprise rend honneur à sa grand-mère Ima, ainsi qu’à son voyage dans son pays natal, le Congo. Un voyage qui a grandement inspiré ses valeurs d’entreprise. En discutant avec elle, on constate rapidement que son projet est bien plus que des accessoires, c’est un mouvement. Un mouvement qui a pour but de renverser tout doucement les standards de beauté imposés dans notre subconscient collectif.
IMA wrap est né suite à une décision personnelle que plusieurs d’entre nous connaissent ; le retour au naturel. Le retour aux cheveux naturels est aujourd’hui considéré comme étant un mouvement qui a pris de l’ampleur au début des années 2000 et qui continue à prendre de l’importance. Dans le cas de Miriam, si son projet n’est pas une action de révolte, son retour au naturel en est un. C’est une révolte contre les standards de beauté occidentaux.
«La beauté a été une manière de nous oppresser, autant en nous disant ce que nous ne sommes pas et en nous disant ce qu’on devrait être.»
Miriam se dit une grande adepte de la simplicité. En d’autres termes, il n’en faut pas beaucoup pour être belle. Avec ses accessoires minimalistes, elle veut pouvoir mettre en valeur la beauté naturelle de ses clientes.
“IMA wrap est ma manière de rendre physique ma vision du monde”
– Miriam Nkosi fondatrice d’IMA wrap
Cette action personnelle, aussi simple qu’elle ne puisse paraître, a engendré quelque chose de plus grand. Selon elle, il ne faut jamais sous-estimer nos plus petites actions et c’est ce qu’elle parvient à nous démontrer avec IMA wrap et sa chaîne Youtube @Thisbrownsugar. Sur sa chaîne, elle aborde le sujet du self love et donne des astuces pour l’entretien des cheveux crépus. Le respect et l’amour pour soi sont ses valeurs d’entreprise qui permettent de fortifier le message que l’entrepreneure cherche à transmettre.
Le problème avec l’inclusivité
“IMA wrap a été créé par une femme noire, pour les femmes noires et les autres sont à cent pour cent invités à venir célébrer avec nous.”- Miriam Nkosi
Notre conversation a eu lieu quelques semaines après la manifestation contre la brutalité policière à Montréal. Ce qui s’est passé aux États-Unis a permis de rendre visible les problèmes sociaux et raciaux de nos sociétés. J’étais curieuse d’entendre sa position sur nos communautés noires à Montréal. Pour elle, une de nos faiblesses, c’est que nous demandons souvent d’être inclus.es.
«Il faut que les gens comprennent que dans le mot inclusif, il y a le mot inclure. Le mot inclure signifie qu’il y a un tout et que ce tout laisse place à quelque chose qui ne permet pas que ce tout prenne place. Tant qu’on se battra pour l’inclusivité, on devra toujours demander ‘’permission’’.»
Pour elle, les gens issus de la diaspora ne sont chez eux que dans la culture créée par eux. Pour sa part, elle se considère chez elle que lorsqu’elle est avec des gens qui lui ressemblent et qui vivent une réalité similaire à la sienne.
«Les IMA wrap et les Nagi cosmétique de ce monde sont en mode réaction puisqu’ils n’ont pas le monopole et c’est bien, parce qu’ils pensent à nous. Ils n’ont pas besoin de se cacher derrière une fausse image d’inclusivité».
Cet engagement de Miriam est d’une grande importance et il est de plus en plus partagé. Nous observons une croissance d’entrepreneures et d’influenceuses issues des diasporas et on admire les impacts positifs qu’elles génèrent.
“Je n’ai pas créé mes produits pour la fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds super lisses, j’ai pensé à toi, ( …) c’est le combat que j’ai choisi.”- Miriam Nkosi
Prendre la place qui nous revient
Pour reprendre les mots de Miriam Nkosi, il est essentiel de prendre la place qui nous revient et de créer les espaces que l’on réclame. Sa solution serait donc de créer nos propres opportunités et nos médias. Pour les communautés diasporiques et les communautés noires, le fait de prendre possession des instances décisionnelles permet un meilleur accès à la liberté. L’entrepreneuriat lui a permis de trouver cette liberté. Depuis Black Lives Matter, certains ont réalisé qu’investir dans la communauté est une action puissante pour notre bien-être et pour notre réussite. Pour la fondatrice d’IMA wrap ;
« Il faut se créer ses propres idées. Tant que tu vis des idées d’une autre personne, tu dépendras toujours de cette personne ».
Dans le long terme, elle veut mettre l’accent sur les personnes de sa communauté et ceci sans mettre de côté les personnes impliquées dans sa chaîne de production, c’est-à-dire, du fournisseur jusqu’au client. Miriam cherche à offrir l’occasion pour certaines d’être elles-même, de se détacher des standards de beauté et d’apprécier leur beauté naturelle. Elle soutient que nous avons la capacité de revoir et redéfinir ce qui nous a été montré. C’est un travail nécessaire pour le bien-être individuel qui permettra d’avoir de bons impacts sur nos communautés. Avec ce travail, nous serons des personnes indépendantes et nous aurons les outils pour nous construire.
“Tu sais quand tu te sens belle, comment tu te présentes à la société ? Tu marches la tête haute. Et qu’est-ce que fait une personne qui marche la tête haute ? Elle fait de grandes choses !” – Miriam Nkosi
Suivez Miriam et les produits IMA wrap via Instagram @thisbrownsugar et Youtube.
Et pour rester à l’affût des nouveaux produits, vous pouvez consulter son site internet.
Joanna Jean Baptiste
Auteure
Joanna Jean Baptiste est une jeune canadienne d’origine haïtienne vivant à Montréal. Cette amoureuse d’art laisse son ouverture d’esprit et sa curiosité la guidé dans multiples facettes de sa vie. Elle s’ajoute à la plateforme afro-féministe SAYASPORA dans le but de mettre de l’avant des artistes et entrepreneurs locaux. Pour elle, cette plateforme qui se lie naturellement au mouvement panafricanisme est un espace dans lequel elle peut également s’exprimer et partager ses réflexions face à ce qui touche la communauté africaine.