29 novembre 2020
Par Philia Yatchou
Et comme si la peau de ma main ne pouvait contenir
la goutte de rosée restée sur la
commissure de la pétale de rose
En m’approchant de la fleur
elle s’est détachée
Doucement
Pareil aux oiseaux migrateurs qui prennent leur envol lorsque l’air glacial leur sourit
Lourdement
Pareil à la fatigue qui le soir vient faire courber les lits et grincer les sommiers.
Elle s’est éparpillée au sol.
Un morceau après l’autre.
Ne laissant que son squelette pour embrasser la douceur de ma paume.
La délicatesse de ses corolles n’a pas semblé être perturbée par la chute
bien que vertigineuse.
L’élan qui a précédé l’écrasement au sol n’a en rien ni entaillé, ni lacéré la minceur des pétales.
Elles sont au sol étendues comme d’autant plus vivantes.
Elles me narguent de leur grâce simpliste et de leurs teintes tout autant éclatantes.
Demain seront-elles noircies par manque des unes, des autres,
Mais à cet instant elles sont resplendissantes.
En tendant la main pour en étendre une du bout des doigts,
je pense au fait que quelque part, c’est ça être libre.
Gésir au sol, pleinement consciente de ta fin, espérant un nouveau départ,
mais rempli de la plénitude de toi-même.
J’aurais voulu être comme ça.
Philia Yatchou
Auteure
Philia Sephora Yatchou est une femme noire forte et en or. Née au Cameroun et arrivée au Canada à un jeune âge, elle s'est épanouie grâce à une famille unie et un regard critique sur le monde. Remplie de grands rêves pour les femmes du monde entier, l'écriture est pour elle un moyen de les exprimer. Passionnée par la musique jazz, la mode et l'art sous toutes ses formes, elle passe le plus clair de son temps à rêver d'un monde plus égalitaire. Elle étudie actuellement le droit et la communication politique à l'Université de Montréal. Sa devise est "Still I Rise", tiré du poème du même nom de Maya Angelou.