Icône d'un soleil complexe

+Sayaspora

Par Josie Fome

Pour des raisons de confidentialité, YouTube a besoin de votre autorisation pour être chargé. Pour plus de détails, veuillez consulter notre Politique de confidentialité.

Au Canada, les Noirs sont trois fois plus susceptibles d’être arrêtés que les Blancs, et les jeunes Noirs sont représentés de manière disproportionnée dans le système de protection de l’enfance. Pourtant, des études montrent que de nombreux Canadiens – en particulier ceux qui jouissent de privilèges – ont du mal à comprendre comment ils peuvent être des alliés efficaces dans le démantèlement de ces inégalités raciales. Alors que le racisme systémique continue d’affecter les communautés noires, le besoin d’un allié actif et informé est plus important que jamais. L’allié, dans son sens le plus vrai, ne se contente pas de reconnaître l’injustice. Elle nécessite des actions tangibles, une responsabilisation et une volonté de remettre en question et de modifier les structures qui perpétuent l’inégalité. Pour beaucoup, l’allié peut sembler rébarbatif, surtout dans une société où les discussions sur la race et les privilèges sont souvent source de malaise. Mais avec les bons outils et le bon état d’esprit, les alliés – en particulier ceux qui bénéficient de privilèges systémiques – peuvent jouer un rôle central dans la lutte pour la justice raciale et l’inclusion. Cet article explore le rôle vital de l’allié dans la création d’une société plus équitable pour les Canadiens noirs, les défis qui en découlent et la façon dont les individus peuvent devenir des alliés plus efficaces dans la lutte continue pour la justice raciale.

 

 

L’agitation grandissante

2020 a été une année cataclysmique. Et nous continuons aujourd’hui encore à ressentir les effets des événements qui se sont déroulés cette année-là. L’événement le plus important et le plus évident est la pandémie. Alors que nous nous efforcions de nous adapter aux mesures mises en œuvre par le gouvernement pour réduire la propagation du virus, un autre virus, sans doute plus insidieux, se préparait. Ahmaud Arbery en février, Breonna Taylor en mars, puis George Floyd en juin ont fait basculer la marmite de l’agitation. Des millions de personnes sont descendues dans les rues du monde entier, déclarant, rappelant, suppliant qu’on reconnaisse que les vies des Noirs sont importantes. Diverses organisations se sont engagées à renforcer la diversité, l’équité et l’inclusion. Des individus et des organisations se sont portés alliés, affirmant que trop c’est trop.

Au fond, l’allié ne se contente pas d’être un spectateur passif de l’injustice : il s’agit de prendre des mesures délibérées et significatives pour soutenir les communautés marginalisées.

En 2021, mon téléphone a vibré pour m’avertir de l’arrivée d’un texte. Un ami m’avait fait part d’une opportunité spécifiquement destinée aux Noirs dans mon domaine. L’organisation qui finançait la bourse avait décidé de mettre son argent au service de sa déclaration d’entreprise en parrainant des voix plus diversifiées, en particulier des voix noires. J’ai suivi le processus et j’ai été sélectionnée comme bénéficiaire. Immédiatement, j’ai commencé à entendre dire que ce serait un excellent moyen de « mettre le pied dans la porte » dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes blancs, puis par les femmes blanches. C’est ainsi que j’ai commencé à considérer que c’était justement une opportunité. Une opportunité que je n’aurais pas pu saisir seule… en tout cas, pas si tôt dans ma carrière.

 

 

Un véritable allié

Au fond, l’allié ne se contente pas d’être un spectateur passif de l’injustice : il s’agit de prendre des mesures délibérées et significatives pour soutenir les communautés marginalisées. Selon Merriam-Webster, un allié est « une personne ou un groupe qui apporte son aide et son soutien dans une lutte en cours ». Dans le contexte de la justice raciale, être un allié signifie se tenir aux côtés des communautés noires, défendre leurs droits, faire entendre leur voix et œuvrer au démantèlement des systèmes qui perpétuent l’inégalité. Cependant, l’allié n’est pas un geste ponctuel ou une étiquette à porter ; il s’agit d’un engagement à long terme pour comprendre, désapprendre et agir.

[…] le véritable changement se produit lorsque les alliés utilisent leurs privilèges et leurs plateformes pour faire pression en faveur d’une transformation systémique.

Un véritable allié doit reconnaître et affronter ses propres privilèges. Pour les Canadiens blancs, cela signifie reconnaître les privilèges que leur confère leur race dans une société où les Noirs et les Autochtones sont confrontés à des obstacles systémiques. Cela peut mettre mal à l’aise. On peut le comprendre, car il s’agit souvent de se confronter à l’histoire de la colonisation, de l’esclavage et de la discrimination raciale qui a façonné les systèmes sociaux, politiques et économiques du Canada, mais cet inconfort est une partie nécessaire du parcours d’allié. Ce n’est qu’en sortant de sa propre expérience et en reconnaissant les luttes uniques auxquelles sont confrontés les Canadiens noirs que l’on peut s’allier véritablement. L’écoute active est un ingrédient clé d’un allié efficace. Les alliés doivent donner la priorité aux voix des Canadiens noirs, en prenant du recul pour les laisser mener les conversations sur leurs propres expériences. Mais cela ne s’arrête pas là – il faut aussi passer à l’action. Qu’il s’agisse de contester le racisme, de préconiser des changements de politiques ou de soutenir des initiatives dirigées par des Noirs, le véritable changement survient lorsque les alliés utilisent leurs privilèges et leurs plateformes pour faire pression en faveur d’une transformation systémique.

Problématique et performatif ou un pas dans la bonne direction ?

En réalité, la lutte pour la justice raciale ne peut être gagnée sans la participation active des alliés blancs. L’allié blanc est essentiel car il remet en question les structures qui perpétuent l’inégalité raciale et apporte aux communautés marginalisées le soutien dont elles ont besoin pour créer un changement durable. Les Blancs, en particulier ceux qui bénéficient de privilèges systémiques, ont la responsabilité de s’attaquer au racisme profondément ancré dans la société, qu’il s’agisse du système judiciaire, de l’éducation, des soins de santé ou de l’emploi.

 

 

Le rôle des alliés blancs est particulièrement important dans la lutte contre le racisme anti-Noir. Si les communautés noires mènent depuis longtemps le combat pour la justice, les alliés peuvent amplifier leur voix, attirer l’attention sur des questions souvent ignorées et faire pression pour des réformes politiques. Les alliés blancs, qui ont accès au pouvoir et aux privilèges, peuvent utiliser leurs plates-formes – que ce soit sur le lieu de travail, au niveau politique ou dans des contextes sociaux – pour contester les préjugés raciaux et exiger l’équité. Les alliés blancs doivent également responsabiliser les autres Blancs, en dénonçant le racisme lorsqu’ils le voient, même si cela est inconfortable ou impopulaire. Ce n’est qu’au prix d’un effort soutenu et d’une volonté d’être mal à l’aise que les alliés blancs contribueront à démanteler le racisme systémique et à créer une société plus juste et plus inclusive.

Pour être efficace, l’allié doit se confronter à des vérités gênantes, désapprendre des comportements nuisibles et s’engager dans une action durable, et pas seulement dans des manifestations momentanées de soutien.

Je repense à l’opportunité qui m’a été offerte, le « pied dans la porte » comme beaucoup l’ont appelé. Bien sûr, c’était loin d’être parfait, mais c’était un pas dans la bonne direction. Personne ne demande que l’allié soit parfait, mais simplement sincère. Si la solidarité est essentielle, elle est souvent critiquée parce qu’elle est plus performante qu’efficace. De nombreux alliés, en particulier les Blancs, s’engagent dans des actions superficielles – telles que des posts sur les médias sociaux ou des gestes symboliques – sans s’attaquer aux problèmes plus profonds du racisme systémique. Cet « allié performatif » se concentre souvent sur les sentiments de l’allié plutôt que sur les besoins des communautés marginalisées. Il est possible de repérer l’allié performatif en notant sa durée. Combien de temps s’est-il écoulé avant que le « candidat de la diversité » ne soit licencié ? Combien de temps a duré l’« initiative inclusive » ? Par ailleurs, l’article de Guardians Race to Dinner et le documentaire Deconstructing Karen ont suscité des divisions, certains y voyant un pas dans la bonne direction, d’autres un acte performatif qui continue à centrer la blancheur. La culture de la suprématie blanche, telle qu’elle est décrite dans l’ouvrage « Démanteler le racisme », peut saper l’esprit d’alliance en encourageant l’attitude défensive, le perfectionnisme et l’individualisme. C’est tout à fait normal, car ces sujets sont ancrés dans l’identité et le sentiment d’identité de chacun et suscitent donc des émotions profondes. Pour être efficace, l’allié doit se confronter à des vérités gênantes, désapprendre des comportements nuisibles et s’engager dans une action durable, et pas seulement dans des manifestations momentanées de soutien.

 

 

Conclusion

Pour devenir un meilleur allié, il faut s’engager de manière cohérente et active. Les alliés doivent commencer par écouter les voix marginalisées, comprendre leurs expériences vécues et amplifier leurs messages. Il est essentiel de s’informer – que ce soit par des livres, des documentaires ou des conversations – pour approfondir la compréhension. Au-delà de l’apprentissage, agissez dans votre vie quotidienne : dénoncez le racisme lorsque vous en êtes témoin, soutenez les entreprises appartenant à des Noirs et défendez des politiques d’intégration au travail ou dans votre communauté. Un allié efficace doit également demander des comptes aux autres, en particulier au sein de ses propres cercles sociaux. Enfin, il faut reconnaître que l’allié est un voyage ; il s’agit d’une croissance constante, d’une réflexion et d’un engagement en faveur d’un changement à long terme. Il ne s’agit pas d’une lutte entre Blancs et Noirs, mais d’une lutte qui concerne tout le monde. Nous ne pourrons pas être pleinement libres tant que nous ne le serons pas tous. L’allié est un outil essentiel pour démanteler le racisme systémique et créer une société plus juste et plus inclusive. Il ne s’agit pas d’une passiverole, mais d’un engagement actif et sans relâche en faveur du démantèlement du racisme systémique. Ne restez pas spectateur, demandez-vous « qu’est-ce qui est possible d’autre ? ». Chaque jour est une occasion d’agir. Commencez dès aujourd’hui.

 

 

 

Ressources:

https://www.merriam-webster.com/dictionary/ally https://www.theguardian.com/world/2020/feb/03/race-to-dinner-party-racism-women https://www.brap.org.uk/post/the-problem-with-white-allyshiphttps://www.dismantlingracism.org/uploads/4/3/5/7/43579015/okun_-_white_sup_culture.pdfhttps://www.instagram.com/deconstructingkaren/?hl=fr https://wbcollaborative.org/insights/intersectional-allyship-how-women-can-be-better-allies-of-ot her-women/

https://hbr.org/2020/11/be-a-better-ally

https://www3.ohrc.on.ca/en/interrupted-childhoods-over-representation-indigenous-and-black-ch ildren-ontario-child-welfare

https://www.cbc.ca/radio/ideas/canadian-court-system-lawyers-fairness-justice-1.6836073

Pour des raisons de confidentialité, YouTube a besoin de votre autorisation pour être chargé. Pour plus de détails, veuillez consulter notre Politique de confidentialité.

Partager l'article

Tu veux écrire pour Sayaspora? Nous sommes constamment à la recherche de nouveaux talents!