Icône d'une rose

Soin de soi

12 juillet 2024

Par Yedidya Ebosiri

L’ultraconsumérisme occidental nous persuade que prendre soin de soi, c’est acheter la crème hydratante la plus tendance ; c’est se payer un facial hors de prix dans un institut de beauté et se lever 5 heures du matin, tous les jours, peau de porcelaine et manucures hebdomadaires. Tu cherche un sens à ta vie? Achète un iPad – et n’oublie surtout pas le crayon! –  pour la planifier dans les moindres détails. Lissage tanin, épilation et massage californien feront tout aussi bien l’affaire. On nous crible d’images minutieusement retouchées, masques blancs et sérums transparents. On nous dit que c’est comme ça qu’on self-care. C’est comme ça qu’on s’aime. Certes, il existe plusieurs manières de prendre soin de soi. Et toutes ces choses en font partie. Mais le culte du soi dans le miroir capitaliste est aussi le culte de l’achat, de l’avoir et du matériel. Et tout cela n’est qu’éphémère. Il faut revisiter le concept, revenir à la source. Il faut revenir à soi.

Pour beaucoup de gens, l’été est la période idéale pour être actif.

Parce que prendre soin de soi, c’est aussi mettre le film de sa vie sur pause et s’écouter respirer. On appelle ça la pleine conscience. Entre le stress du 9 à 5, le brouhaha du samedi soir et la famille qui demande à quand le mariage, on oublie de s’arrêter. Trop souvent, trop longtemps. Pratiquer la pleine conscience, c’est consciemment observer le monde qui nous entoure et le corps qui nous abrite. Comme un enfant qui réalise qu’il existe. Il suffit de poser son regard sur une brindille, de sentir son cœur battre et d’écouter le bruit du silence. Essaye et tu verras. À défaut de paraître plus beau, le monde paraît plus tangible.

On dit que notre corps est un temple parce qu’il abrite notre esprit.

C’est faire le tour du quartier à pied, les écouteurs dans les oreilles. Ou courir. Ou danser. L’important est de bouger. Pour beaucoup de gens, l’été est la période idéale pour être actif. Parce qu’en vrai, tout est toujours mieux avec un peu de soleil. Pourquoi ne pas commencer un nouveau projet de jardinage dans ta cour arrière? Les possibilités sont infinies : l’escalade, la natation, le kayak et les séances d’aérobie en plein air ne sont qu’une poignée d’exemples. Peu motivée? Il te faut une ou des partenaires. Rien de mieux que la saine compétition entre copines pour se mettre au défi et atteindre des objectifs. Le mot clé : accountability. Télécharge l’application Step Up qui enregistre ton nombre de pas par jour et invite tes copines qui détestent la défaite à faire de même. L’objectif est de faire le plus grand nombre de pas quotidiennement. À qui la médaille d’or?


Prendre de soin de soi, c’est prier. Dieu, l’Univers, les ancêtres, peu importe le nom que tu donnes au ciel.  Prier pour soi en se rappelant que nous sommes des créatures divines. On dit que notre corps est un temple parce qu’il abrite notre esprit. On le néglige, parfois. Mais c’est important de faire des actions délibérées pour le nourrir. Et ça, ça passe par la lecture, les conversations profondes, la méditation, la cuisine du pays, les arts… Comme une plante au soleil, l’esprit nécessite un entretien régulier. Il faut se recentrer, garder le cap sur ce qui compte véritablement en faisant ce qui nous plaît véritablement. Avant de commencer la journée, prends quelques instants pour remercier le ciel d’exister. Certes, la vie n’a rien de facile et il faut souvent se battre pour triompher. Mais les optimistes de ce monde diront que l’expérience humaine est unique et que son unicité vaut la peine d’être vécue.

On prend soin de soin lorsqu’on prend soin des autres. Le me, myself and I, c’est bien, mais pas tout le temps. Pas forcément. Il faut aussi savoir dire we. Rappelle-toi le sentiment qui t’habite lorsque tu offres du temps à une personne qui t’est chère. Ou encore le sourire du voisin à qui tu as rendu service. On sert sa personne lorsqu’on sert les autres avec sincérité. Et je sais, il y a l’enjeu du temps. Celui qui court sans relâche et qui disparaît dans l’horizon. Le temps. Or, le temps se crée. Il suffit de lui faire de la place dans son calendrier.

[…] faire le don de soi, c’est renouer avec qui nous sommes.

Une bonne façon de s’investir de cette manière passe par le bénévolat. Nul besoin de s’engager à temps plein dans un organisme caritatif (si c’est possible, tant mieux !) ; parfois, les personnes qui sont dans le besoin sont sous notre nez. Une amie, par exemple ; une maman. L’idée est d’offrir quelque chose sans attentes pécuniaires. Aider un proche lors de son déménagement, soutenir un GoFundMe pour la cause soudanaise, faire du mentorat ; faire le don de soi, c’est renouer avec qui nous sommes. Il existe mille et une façons de prendre soin de soi. Et les chaudes journées d’été sont les moments parfaits pour commencer.

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  • Yedidya Ebosiri

    Rédactrice en Chef

    Éternelle étudiante, Yedidya entame actuellement un diplôme de deuxième cycle universitaire en santé publique après avoir complété un baccalauréat en kinésiologie.

    Le socle de ses intérêts professionnels repose sur la lutte contre les inégalités sociales de santé; elle rêve d’un monde plus sain, plus juste, plus vert. En attendant, elle puise dans ses racines congolaises pour militer en faveur d’une Afrique libre et féministe.

    Tutrice pour une clientèle analphabète et intervenante de longue date en santé mentale, sa curiosité intellectuelle et son entregent caractérisent son parcours professionnel naissant. Autrefois éditrice pour un journal universitaire, elle ne cesse de nourrir sa passion pour le journalisme et se réjouit de mettre ses compétences rédactionnelles au service de sa communauté. Pour elle, Sayaspora incarne l’excellence noire et l’innovation sociale, d’où sa fière contribution au rayonnement du magazine.

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