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Art + culture

Par Janice Pole Sebagenzi

Située à Accra, la capitale du Ghana, la Bibliothèque de l’Afrique et de la Diaspora africaine ou Library of Africa and The African Diaspora (LOATAD) a ouvert ses portes en juillet dernier. Fondée et conservée par l’écrivaine anglo-ghanéenne, Sylvia Arthur, cette bibliothèque est la toute première en son genre. Ce projet ambitieux est le fruit de sa passion pour la littérature africaine et de son désir de partager la richesse des savoirs et des idées qui s’y trouvent. La LOATAD est une bibliothèque qui se veut décolonisée et qui regroupe une impressionnante collection de près de 4,000 livres. Composée d’œuvres d’écrivains noirs provenant de partout dans le monde, cette collection remonte jusqu’au 19e siècle. La bibliothèque contient notamment des éditions rares et épuisées de livres telle une biographie dédicacée de Kwame Nkrumah, l’un des pères du panafricanisme et de la lutte anticoloniale.

À travers la bibliothèque, Sylvia Arthur cherche à accomplir plusieurs buts, le plus notable étant celui de restaurer l’héritage littéraire de l’Afrique et de la diaspora. La bibliothèque est également un véritable véhicule de rapprochement entre le continent et la diaspora grâce à son espace physique, mais aussi aux espaces virtuels qui en découlent. Finalement, en créant la bibliothèque, Sylvia Arthur souhaite faire de l’alphabétisation une réalité pour tous. D’ailleurs, en s’efforçant d’attirer une démographie large et diversifiée, elle veut déconstruire certaines idées préconçues.

“I think it’s important for us to know that we come from a literary background. And that’s one of the problems that we have in trying to convince people that reading is something that belongs to us — I fear [it’s seen] as very much a white, European or American thing,”

La mission de la LOATAD repose sur trois piliers : la production de connaissances (créer des connaissances en utilisant la littérature comme moteur), la préservation de connaissances (préserver les œuvres des auteurs africains à travers les générations grâce aux archives physiques et numériques) et la diffusion de connaissances (faire connaître les livres grâce à la bibliothèque et aux activités de sensibilisation et d’éducation communautaire). Véritable oasis littéraire et lieux d’échange pour tous les passionnés et curieux de la littérature africaine, la Bibliothèque offre des programmes de résidence pour les écrivains, des tours guidés, des lectures d’auteurs, des projections de films, des performances musicales, des dîners littéraires et des débats. Pour ceux qui veulent emprunter des livres, la bibliothèque fonctionne sous forme d’abonnement annuel de 100$. Alors que le projet ne cesse de s’agrandir, Sylvia Arthur souhaite ultimement créer un musée.

Comme tous les peuples ayant vécu avant nous, la littérature représente une véritable fenêtre sur le passé, le présent et l’avenir et renferme une source immense de savoirs et d’idées. Alors que la littérature africaine est encore très méconnue et presque négligée, il est d’autant plus important de la préserver et de la mettre de l’avant. Force est de constater que la majorité des livres situés dans la section « Afrique » ne proviennent souvent pas d’auteurs africains. Alors que les mouvements contre le racisme anti-noirs battent plein feu, les initiatives comme celles-ci sont primordiales.

“Now more than ever, spaces that center Black narratives are necessary, but we’ll continue to elevate African literature long after the current news cycle moves on.”

Une chose est sûre, la Bibliothèque sur l’Afrique et la Diaspora africaine deviendra très bientôt une destination incontournable dans le paysage culturel et touristique en plein essor du Ghana qui vient tout juste de célébrer l’année du retour*.

*Année du retour : 2019 a marqué la commémoration du 400e anniversaire du départ du premier navire d’esclaves au Ghana.

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  • Janice Pole Sebagenzi

    Janice Pole Sebagenzi

    Auteure

    Originaire du pays des mille collines, le Rwanda, Janice est une écrivaine vivant à Gatineau et une étudiante en droit à l'Université d'Ottawa, où elle est impliquée dans diverses associations. Passionnée de musique, de voyages et d'écriture, elle s'intéresse particulièrement aux questions de justice sociale. Ses articles ont pour but de dénoncer et d'éduquer. Elle aimerait poursuivre une carrière en droit international afin de combiner son intérêt pour le droit et son désir d'apprendre d'autres langues.

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Image vedette - NIPAH DENNIS | Credit: AFP

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